L’axe central de ma démarche artistique est l’espace et ses limites, le cadre et ses débordements, la composition dans l’œuvre, oscillant entre géométrie et exubérance des formes, l’utilisation de la couleur et du « motif », associés à un questionnement concernant les hiérarchies en art : majeur/mineur, au-delà des clivages classiques : Art/arts décoratifs.
Dans « Parures » et « Tripodes » où ses grandes sculptures à trois pieds en textile rembourré et en céramique, suggèrent des pièces de jeu d’échecs dressées sur la pointe des pieds, ou des jarres de jardin qui auraient tourné drag queen des beaux quartiers.
Le corps en toile est contenu par des bijoux de terre. La contrainte est-elle nécessaire ? La souffrance qu’elle engendre est-elle utile ? Le résultat
en tout cas est élégant et violent !
Fleury déplace la machine à coudre,
du foyer à l’atelier. Pour les parties en tissu rembourré de ses sculptures, elle détourne aussi l’usage de la machine à coudre, machine « ménagère » par excellence, pour le promouvoir au rang de technique d’art. Et pour les parties en céramique, elle fait de même avec le four de potier, machine d’artisan.
Tout se mélange, tout est détourné, contraint. Pas de hasard, pas de laisser-aller.
Fleury maîtrise toutes les techniques, connait les machines, sans doute qu’elle les aime.
Elle déploie aussi sa culture des
matériaux en mélangeant le grès brut, très mat, à la porcelaine de Bavière, écrue, au lin naturel, couleur grège, et à la porcelaine fine, blanche et brillante.
Ses compositions créent ainsi des camaïeux de blancs aux tons aussi subtils que les Outrenoirs de Soulages.
Marina Inglelbarth.
Critique d’Art et commissaire indépendante. Avril 2016