« Calligraphie de l’espace »
Rencontrer un artiste en devenir est toujours un plaisir d’une rare intensité. L’homme habite et travaille sur les hauteurs de Seraing, sa ville de naissance. Depuis toujours le métal l’a appelé. Il est vrai que son monde est fait de rencontres improbables avec un matériau d’apparence froid et lourd. Et pourtant, le métal qui devient entre ses mains une signature, est parfois un véritable moment d’éternité mais toujours un exploit de technicité. Je suis directement séduit par l’élégance de son univers ; une sensation de légèreté, des lignes naturelles s’en dégagent. C’est ainsi que de simples blocs de fer en courbes ou longilignes, entre ses mains, s’ennoblissent.
La force qu’elles contiennent et qu’elles dégagent ont toujours pour sources des thèmes récurrents qui évoquent le lien entre la terre et le ciel : l’envol, les nœuds, la verticalité, l’union, la fusion, la danse ou l’ouverture. Leur fonction est de susciter une image en faisant abstraction de toute ressemblance; elles visent uniquement à évoquer la trace, l’empreinte au moyen d’un agencement rythmique des volumes. L’apparence importe peu ! Car ce qui compte, c’est de créer une réalité qui suscite une puissance dictée par le métal, une matière qui n’accepte pas toutes les contraintes.
C’est cette connaissance approfondie du métier qui occupera une place fondamentale dans ce travail fait d’une part de force et de légèreté, d’autre part de poésie et de technicité. Il n’y a pas de doutes, ce travail « cosmique » entraîne une adhésion immédiate car il défie les lois de l’équilibre.
Extrait de Calligraphie de l’espace.
Lucien Rama, Critique d’art